25 septembre 2011
Troisième micro-revue (sous la direction de Vickie Gendreau)
MOT DE L’ÉDITRICE
Il m’est semblé évident suite à mon entretien avec le Petit Prince de Sexamour cette semaine que devait demander à tous nos chroniqueurs de se costumer l’image un brin. J’ai donc formulé une requête toute simple à la fin de notre meeting de répartition des sujets. « Dessine moi un pénis. » Comme la majorité des chroniqueurs sont des femmes, tous sauf Pit Boilard en fait, on peut dire que pour cette parution, on s’est tous trimé une moustache pour auréole de noune.
J’ai confié le dossier brutalité policière à Pit Boilard. En totale brute rebelle, il a préféré nous faire un beau bricolage qu’un dessin. D’ailleurs fait avec de l’authentique poil de poche! Il a retrouvé le policier impliqué dans sa chronique, un homme plein de flaire ce Pit. Il a joué à rase pipi avec le sergent. Ce qu’on peut se permettre avec un pseudonyme, mes amis! Émilie vous présente Cédric Du Cap dans son Courrier du Corps. Cette semaine, on prend les demandes spéciales. On a le lobe frontal tout dilaté pour toi, les lecteurs. Pour rajouter un peu de diversité, j’ai invité Sophy Lys à nous faire quelques confessions sur sa vie d’hermaphrodite.
Une revue gâteau marbré cette fois ci! Ça ne finit pas là non plus. N’oublions pas le crémage! Vous avez vu sur la couverture : la promesse d’un jeu. Eh bien oui! Alexie Morin nous a fait l’énorme plaisir de rouler la noisette de son crayon pour le jeu en center fold.
Avec les dents les plus toutes nues du sourire le plus sincère,
Vickie Gendreau
Éditrice en cheffe
DOSSIER CONFIDANCE – AVEC L’HERMAPHRODITE SOPHY LYS
C’EST LA FAUTE À PETER ŠŤASTNÝ
Quand ma maman s'est faite engrosser pour une troisième fois, mon papa s'est dit que cette fois ce serait un garçon, les deux premières shots ayant donné des filles. Sorte de statistique personnelle qu'il a conçu. Au moment où j'étais encore un foetus peut-être un peu paisible, mes deux géniteurs magasinaient aux Galeries de la Capitale et sont tombés sur un attroupement qui voulait voir, parler à et possiblement toucher à Peter Šťastný, alors joueur pour Les Nordiques de Québec (j'ai checké sur Wikipédia parce que j'évite d'emmagasiner des informations sur le hockey (en fait, c'est un talent naturel)), en plus de lui demander des autographes. Mes parents se sont donc dirigés vers "l'étoile de la glace" (on peut-tu dire ça d'même?) pour jaser un peu et lui ont demandé gentiment, parce qu'ils sont toujours gentils, si Peter voulait autographier un mini bâton de hockey pour leur garçon à naître. "Ah, mais ça sera peut-être une troisième fille!" Heille, coudons toé? Es-tu en train de me lancer un sort pendant que je baigne tranquillement dans le jus de ma mère? Sans rien d'autre pour me protéger qu'une couche de viande de maman? Kess tu dirais de pas t'en mêler et de continuer à te concentrer sur ton domaine de compétences? Han?
Trop tard. Le mal était fait : je suis né avec une vule. Mes parents me jurent qu'ils n'étaient pas du tout déçus, qu'au contraire il étaient très contents. Une blondinette bouclée, en plus. Mais le P'tit Boutte (c'est moi, ça) tenait quand même le rôle du petit frère. Je savais pas exactement ce que c'était qu'un garçon manqué, mais on me le disait régulièrement. Je me doutais bin que c'était une insulte, alors ça m'offusquait et je m'obstinais, juste pour dire.
Même si ça n'avait rien donné avec mes soeurs, mon papa m'a appris à pêcher à sept ans. J'aimais ça! Et il aimait ça que j'aime ça. J'étais bon, sauf pour un truc : empaler les lombrics sur l'hameçon. Ça me dégoutait de faire ça à un animal vivant. Il n'était pas quioute, pas de poils doux, pas de yeux larmoyants, pas de gémissements, mais il se tortillait et je me doutais bien que ça lui faisait mal. Mon oncle Robin me disait souvent "Là va falloir que tu t'habitues à empâter des vers, maudit criss!" Fais un homme de toé, Sophy. Maudit criss. J'ai jamais réussi à faire la job d'homme avec assurance. Pitié pour les vers. J'aimais quand même la pêche, puis j'ai un peu délaissé ça en attrapant l'adolescence, pour complètement l'abandonner quand je suis devenu végétarien radical.
Alors voilà, c'est pour ça que je suis une fille. Mais ça ne m'empêche pas d'avoir un très gros pénis. J'ai essayé d'être une vraie fille en jouant avec des pouliches et en me maquillant trop, mais c'est beaucoup plus essitant d'attraper des crapauds, de disséquer des animaux morts et de varger sur des bonhommes laittes à Punch Out.
Quels sont mes premiers souvenir de pénis, donc? À part les quelques fois où j'ai aperçu mon papa faire pipi quand j'étais un très petit P'tit Boutte (c’est moi, ça) et la fois où ma cousine Caro avait trouvé des photos de revue de cul dans la poubelle de l'école (découvrir la vie, c'était plus compliqué avant l'arrivée des internets), le pénis qui est classé au fond du tiroir de ma mémoire du génital est dans le dossier "troisième année du primaire".
Je commence ici. Toute la classe était réunie dans le local de pastorale qui servait un peu à n’importe quoi. Notre prof prenait un break de kek minutes et nous abandonnait à un dessin animé qui s’annonçait un peu plate. Les dessins pastels étaient laittes, tsé. Pis il se passait rien de drôle. Un décor de banlieue modèle. Un monsieur invite la petite voisine à venir prendre un verre de jus chez lui. Ils sont dans la cuisine, et le monsieur gentil renverse « accidentellement » un verre de jus de raisins sur son pantalons. Hon. Il enlève donc son pantalon taché ET ses sous-vêtements. Le monsieur est là, tounu, en graine, et toute la classe se demande youssé que ça peut bin s’en aller tout ça. C’est alors que le monsieur lance d’une voix grave et suave, s’adressant à la fillette, « Touche mon pénis, yé doux. »
Hilarité totale dans la classe. Échec gros de même de la volonté de prévenir les abus sexuels chez les jeunes. Et ça reste un de mes plus doux souvenirs du primaire.
La première fois que j'ai touché le pénis de quelqu'un d'autre, je l’ai trouvé aussi doux. Qu'on se le dise : un pénis, c'est doux.
En tout cas, j’ai beau avoir un très gros pénis, c'est peut-être des grosses couilles qu'il me faudrait, tsé. Pour faire plus d'affaires viriles, dire plus de choses heavy. Oser dire "Je t'aime", par exemple.
Fouin fouin fouiiiiin… Pourquoi tu finis ça cheesy d'même?
FROMAGE DE GLAND.
Kin.
*
Saint-Urbain, septembre 2011
DOSSIER BRUTALITÉ POLICIÈRE
AVEC VOTRE BRUTE PRÉFÉRÉE
PIT BOILARD
C'ÉTAIT PAS MAL CUTE COMME MOMENT...J'SENTAIS QUE L'PWESSON ÉTAIT PRESQUE RENDU DANS CHALOUPE MAIS À VOULAIS QU'ON AILLE PRENDRE UN DRINK AVANT AU BAR À COTÉ...
QUAND ON A FENI PAR SORTIR DE D'LÀ BEN J'ÉTAIS TELLEMENT ÉNARVÉ QUE J'SUIS SORTI AVEC MA BIÈRE... PIS LÀ Y A UN OSTI DE FLIC DE MARDE QUI M'A CRISSER DES COUPS DE MATRAQUE PIS POIVRÉ PARCE QUE JE L'AI TRAITÉ D'OSTI DE FIFFE... MWÉ J'VOULAIS JUSS ALLER FOURRER AVEC SHIRLEY CRISSE ME SEMBLE C'ÉTAIT PAS COMPLIQUÉ OSTI PIS AVEC TOUTE LE NIAISAGE QUE JE VENAIS D'ENDURER TABARNAQUE... FAQUE LÀ ELLE A VOULU M'AIDER AVEC SA BOUTEILLE D'EAU PARCE QUE J'AVAH DU CAYENNE DIN YEUX..BEN LÀ JE SAIS PAS TROP C'QUI S'EST PASSÉ MAIS JE L'AI JUSS VUE ARVOLER LA FACE DANS UN PARCOMÈTRE… THAT’S IT... C'ÉTAIT OVER
SHIRLEY EST RENTRÉE AUX SOINS INTENSIFS PIS MWÉ J'SUIS ALLÉ AU COUCHE TARD ENCORE GASPILLER MON CASH POUR ME CROSSER AVEC UN PENTHOUSE...
OSTI DE SVPM À MARDE… À CAUSE D’EUX AUT’ J’AURAI MÊME PAS FOURRÉ DE L’ÉTÉ
CENTERFOLD PAR ALEXIE MORIN:
MYSTERIOUS SKIN
ENTRETIEN AVEC LE PETIT PRINCE DE SEXAMOUR
AVEC VICKIE GENDREAU
Suite à mon article sur les personnages de nounounes et de nonos dans la littérature québécoise du mois dernier, j’ai reçu beaucoup de messages bourrés de reproches de l’Association de la Scène Queer. C’est vrai, je l’avoue. J’ai oublié le gris, juste parlé du noir et du blanc. Donc, pour cette édition, j’ai décidé de m’entretenir avec le Petit Prince de Sexamour. Parler de la vie, la mort et autres canapés. Comme je n’avais que trente minutes, l’entrevue sera brève. Quicky.
Cet OGM littéraire n’est pas facile à rejoindre. Pour faire cette entrevue, il me fallait voir apparaître le Petit Prince de Sexamour. Ça demande de l’organisation. Tu dois allumer une chandelle et dire dix fois dans le miroir « Petit Prince de Sexamour. » Ça ne marche pas avec tout le monde. Ça marche que pour les ingénus jeunes et fringants. Heureusement que j’ai un pénis mental et que tout est relatif. Avant de commencer mon incantation, j’ai attaché mes cheveux, je me suis dessiné une moustache au crayon noir, j’ai enfilé une chemise à la boyfriend. Poudre aux yeux.
V.G. Pour me préparer à notre entrevue, j’ai réécouté le film Mysterious Skin de Gregg Araki puisqu’il y a quelque chose de vos destins que j’associe pour des raisons très stéréotypées en fait, à bien y penser. Un gay, avec un rapport étrange et inquiétant à la sexualité, qui se prostitue, surfe sur la vague luxure jusqu’à en devenir lui-même un poisson, aliéné par sa propre indifférence. J’ai choisi de mettre sur le cover ce dessin précis de toi puisque ça me fait penser à la pochette du film, vous avez le visage dans le même angle, la même tension dans le regard. Je crois bien que derrière ton petit look ado sombre blasé se cache un filet mignon de sensibilité. J’aimerais, si ça ne te dérange pas trop, qu’on se fasse un petit paragraphe surf and turf. Il y a dans ce film plusieurs sujets vifs. On voit deux histoires en parallèle, d’une part, celle de Neil, la pute, deer in the headlights, de l’autre, Brian, un adolescent socialement awkward qui est persuadé qu’il s’est fait enlevé par les aliens quand il était petit, face fond de bouteille mais jamais bu une goutte d’alcool, très et trop stuck up. Dans le film, on comprend que le bâton dans le cul de Brian est une métaphore en fait puisqu’il s’est fait violé par son coach de baseball. Neil avait le même coach de baseball, s’est aussi fait violé. Ça se dévoile quand ils retournent sur les lieux. Les deux ayant passé leur vie à faire du gros déni… C’est une belle scène, un beau film, plein de belles scènes. Toi, fais tu du déni?
P.P.S. T’sais, la vie, c’t’un gros caca rose en fait. Pis je veux pas que tu me corriges là quand tu vas retranscrire tout ça. Quand j’lis une entrevue, j’ai toujours l’impression qu’y’a pas de différence marquante entre les bouts de l’intervieweur et ceux de la célébrité. Oui, oui, y’a le caractère gras versus l’italique, mais la langue est pareille. C’est gossant. Tu lis ce que la petite starlette a répondu, tu vois des belles phrases complètes, avec des adverbes, t’as l’impression que la fille utilise la syntaxe même en parlant, des phrases pleines de virgules, de complément. Une semaine plus tard, tu la vois à Tout le monde en parle s’exprimer comme un pied. Quand elle ouvre la bouche, y’a juste une succession de pets aigus qui sortent. Moi, je me sens dupé. T’sais j’y avais cru à son français. Poisson justement. Si je dis que la vie est un gros caca rose. Je veux pas lire quand ça va sortir des affaires comme : la vie est une crotte de bouc pastelle, la vie sent le parfum caillé, la vie nanane avec polkadot brun. Je veux lire : GROS CACA ROSE. En lettres majuscules. C’est pas mal ça en gros, je trouve, la vie. On a tous des cuvettes pleines de bagage, vécu des affaires dark, des cuvettes pas flushables. L’affaire c’est que la vie ça continue et c’est pas monochrome. Il y a plein de nuances. Je me suis pas fait violé par mon coach de baseball quand j’étais petit mais j’ai braillé du sang. Maintenant, comme je veux pas quantifier mes journées à multiples de kleenex, je crache du sang. Faut que ça sorte. Je les dis toutes les affaires que je pense. Ça me permet de voir autre chose que la marde. Les vers de contact roses, le vin rosé, les gommes au savon. Je connais pas mal de raccourcis. J’ai l’air de rien quand tu me vois, vite de même. Mais je réfléchie, j’avance des théories, je les applique. En ce moment, je suis en vie, c’est pas le temps de se morfondre. C’est le temps de vivre. C’est tout simple me semble. Littérale. Je comprends pas pourquoi les gens se compliquent autant le quotidien. Des fois je trouve que les gens ont décidé consciemment d’appliquer l’algèbre à leur existence, pour que ça aille servi à quelque chose au moins l’algèbre, parce qu’on s’entend, entre vous et moi, disons le, l’algèbre, ça sert à rien dans une vie. Je choisis de m’accrocher à ma naïveté. C’est quelque chose que je connais la naïveté. Le cul d’mon ADN. Pas de besoin d’avoir le bras long. Format moignon. Des fois, c’est plus difficile, c’est sure. Les gens du royaume m’organisent un banquet, je suis tenu de rester toute la soirée, c’est dans le contrat. Si on me tire une chaise, je dois m’asseoir et sur le lot de tables, il y en a des ben pétillantes de sucs digestifs. Des conversations molles, des gens prétentieux, des monologues de nombrils bombés. Le gros médiévisme social. J’en finis plus de me demander : « Mais qu’est-ce que je fais ici? » Pas la volonté, ni l’imbécillité de tenter d’y répondre alors je niaise dans ma tête. Je me rajoute un filtre rose sur la réalité. Genre prince voilé mais par sa propre tête. Je regarde le gars dans les yeux, les convenances obligent. Mais ce qu’il sait pas. C’est que depuis le cul posé sur la chaise, il y a des pénis qui dansent tout autour de sa face, superposé à son nez qui se dandine de droite à gauche, genre de métronome rigolo pour la conversation. Des pénis en forme de racine de gingembre. Des pénis pastèques. Un genre de bonhomme allumette fait avec six pénis. Une minute, c’est tous les pénis qui lui entrent par une oreille pour sortir de l’autre. Puis l’autre, c’est une nage synchronisée de pénis sur le surface bleu hôpital de son chemisier. Le monsieur, ça devient mon miroir. J’aimerais ça moi le nuage de pénis tout autour de la face. Je fais de la projection. C’est tellement difficile de pas rire. T’as pas idée. Je suis pas mal victime de mon image en fait. Je suis pas tout seul. Tous dans le même panier, han. On est dans une épicerie si gigantesque. Tu penserais qu’il mettrait plus qu’un panier à notre disposition. Vie médiéviste que je dis. Pas évoluée. Pas capable de fournir. En tout cas, serait pas mal temps qu’ils ouvrent une autre succursale si tu me le demandes. Si je mettais tout le monde qui me fait chier au cachot, il resterait plus personne, juste ma quasi dizaine d’amis, pu personne à fourrer. Tu parlais de poisson tantôt. J’ai une bonne anecdote à te raconter à c’sujet-là. Je peux? En passant, je demande juste par politesse parce que t’es un peu obligée de dire oui comme je suis le prince de tout le monde.
V.G. Oui, raconte moi ça. Tant que ça fait pas suinter le magazine. Ça pourrait être drôle d’en faire une réponse scratch and sniff mais ça serait touché à cause des allergies. Puis, si je peux me permettre de rajouter une question. Penses-tu que si je dis pénis dix fois devant le miroir, le tien apparaît?
P.P.S. Non. Mon pénis, il se déplace seulement pour les étudiants en design, les enfants de riche à décapotable et les petits poètes sensibles. Toi, t’as une mitaine dans tes bobettes. C’est pas ma tasse de thé. Comme, tu vois, en ce moment, je me le suis rangé dans la bouche. Ça me fait une petite pastille. Il devient tout petit et pas à l’aise en présence d’une paire de boules. J’fais comme les mamans kangourous avec ma graine dans des moments de même. Je me suis fait avoir par ton pénis mental. Je serais pas apparu si j’avais su. Cette foutue histoire de devoir me caller à la lueur d’une chandelle… Ben difficile de distinguer le vrai du faux avec un éclairage tamisé. Alors, ma belle anecdote. Arc-en-ciel, le poisson, tu le connais sûrement, toi qui est littéraire. Ils ont fait un livre sur sa vie. Ça lui a un peu monté à la tête d’ailleurs. Arc-en-ciel, c’est genre l’Edie Sedgwick du poisson. Deux tasses de trash pour chaque tasse de quétaine, et le réservoir, du size du Stade Olympique, plein à craquer. Ce qui est important de savoir sur Arc-en-ciel, avant que je commence avec mon histoire, c’est que bon, bien sure, en premier lieu qu’il est gay lui aussi. Les poignets toupies pis toute. Il est pas mal volage comme moi. Il couche à gauche et à droite. Il est difficile lui aussi et plein de rose dans la tête aussi. On est pas meilleurs amis pour rien. Alors bon, lui aussi, ça lui arrive de coucher avec des petits imbéciles, des grandes folles ennuyantes, des couilles aigues. Il sait bien que ça va nul part, c’est vraiment du cul pour du cul alors il attend toujours que le gars s’endorme pour sortir du lit doucement, se rhabiller silencieusement. Mais bon, j’ai dit qu’il y avait du rose. Le v’la. Avant de partir, il laisse toujours une paillette de son chandail à son amant provisoire. Toute resplendissante sur l’étendue brune de la table de chevet. Maintenant que tu sais, enchaînons. On a viré une brosse épique dans Baie-St-Paul. Pendant la période estivale, les peintres ont de besoin de muses et museaux. On se les ai pointé. Deux museaux bien bandés. On était bien soûls dans le chalet d’un petit fils de riche. Arc-en-ciel avait entendu dire que la tombe de Moby Dick était dans le cimetière à côté de l’hôtel de ville. « Ça serait fucking drôle d’aller se crosser sur sa tombe » qu’il m’a dit entre deux lapées de gin tonic. Ce qu’on fit. En zig zag. Arc-en-ciel a les branchies sensibles tu sais. Il était triste à cause d’une histoire de cœur qui était en train de lui sortir du derrière. Quand il est triste, il fait des choses trash pour se changer les idées. Moi, je trouve toujours ça drôle, triste, pas triste. Alors on est allé. On s’est crossé. Je suis venu en premier. Arc-en-ciel, lui, s’est approché du nom sur la tombe. Il a fait un s à Dick avec son sperme. Comme on était deux, ou trois, disait-il. Alors bon. Tu vois. C’t’anecdote là, elle prouve une chose : que même le plus poisson des poissons sait accorder les mots en genre et en nombre. J’arrête pas de trasher mes sujets depuis tout à l’heure. J’ai quand même avoué ouvertement que je les bullshite tous quotidiennement. Je veux pas me mettre dans la merde avec cette histoire de tombe. Tu penses tu que je devrais me trouver un pseudonyme ou qu’on se la fasse Entretien avec anonyme?
V.G. Pas de besoin. Je sais que c’est tragique à dire mais les lecteurs souvent ça se contient dans une main. Ou deux. Peut-être les deux pieds aussi si tu es chanceux. Tu pourrais m’avouer que tu as chié sur le parquet du premier ministre, mangé de la viande humaine, me raconter la fois que tu as drogué un petit gars au Unity, ça passerait dans le beurre. Je dis même pas ça pour chialer, à la auteure frustrée. J’ai même pas encore publié. Mais j’ai plusieurs amis qui le sont et je les vois annuellement essuyer les gouttes de ketchup dans le creux de leurs oreilles avec ce chèque, le chèque de droits d’auteur. Ici, on est à l’abris.
P.P.S. Pipi caca poil papa vagin mon oncle vagin cousin vagin George Bush vagin Obama vagin poil poil caca pipi Richard Martineau vagin Joel Legendre vagin Bret Easton Ellis vagin Arc-en-ciel vagin Petit Prince de Sexamour vagin Vickie Gendreau pénis.
En un clin d’oeil, le Petit Prince de Sexamour s’est volatilisé. Paraît qu’il avait un date avec Olivier Morin d’Incontinental à Montréal. Mais avant de partir, il m’a laissé son courriel qu’on puisse un peu devenir amis. Je lui ai demandé son opinion sur quelques banalités et vous trouvez ces réponses ci-dessous. Avant de vous laisser, j’aimerais simplement vous rappeler que le vie est un GROS CACA ROSE.
V.G.
Ce que le Petit Prince de Sexamour avait à dire sur…
… le strip poker? Bébé fafa.
… le chandail bedaine? Tiens, j’te donne deux cents piastres, achète toi du linge.
… la philosophie? Sexamour.
… les lumières de Noël? Gay pride avec couleurs ma tante.
… la circoncision? Menoum indifférent.
… l’amour? Gros caca pastel.
LE COURRIER DU CORPS
AVEC ÉMILIE HAMEL
Objet : Petite peau
Bonjour, je voudrais savoir comment on fait pour enlever la petite peau sur le pénis. J’ai dix ans et demi et mes amis ne l’ont plus la petite peau sur le pénis. S’il-vous-plaît, aidez-moi à enlever la petite peau en répondant à ma question. Ça me gêne un peu, même si elle ne m’empêche pas de jouer, j’aimerais mieux si elle n’était plus là, parfois elle reste collée quand je ne me lave pas pendant plusieurs jours (je n’aime pas me laver, j’ai peur du jet de la douche, je prends un bain de force quand mes parents trouvent que je pue du bout du pénis) et c’est très sensible. Je ne veux pas en parler à maman parce que je suis presque sûr qu’elle n’en a pas de petite peau et qu’elle ne comprendrait pas et qu’elle ne saurait pas quoi faire. L’autre jour, j’ai tapé « petite peau » sur Internet et j’ai su que ça s’appelait aussi un prépuce. Je ne trouve pas que c’est un beau mot, ça rime avec anus, mais c’est le mot scientifique. Voici un Paint que j’ai fait de ma petite peau. Merci de me répondre rapidement, car je veux m’en sortir.
Cédric Du Cap
***
Nous tenons à remercier Le Cheval Blanc, les producteurs de maïs québécois, le cimetière de Baie St-Paul, les gommes au savon, la bouteille d’eau de Shirley, Baron Sport pour ses hameçons, Catherine Cormier-Larose et le dude qui a inventé Paint. Nous vous revenons l’année prochaine les gosses pleines de gogosses. V.G.
***