25 septembre 2011

Sizième micro-revue (sous la direction de Marie-Ève Turgeon)


Vous la trouverez ici.

ou http://www.megaupload.com/?d=IVR949YT

Cinquième micro-revue (sous la direction de Kim Doré)







Quatrième micro-revue (sous la direction de Carl Bessette et de Daniel Leblanc-Poirier)
























Troisième micro-revue (sous la direction de Vickie Gendreau)



MOT DE L’ÉDITRICE

Il m’est semblé évident suite à mon entretien avec le Petit Prince de Sexamour cette semaine que devait demander à tous nos chroniqueurs de se costumer l’image un brin. J’ai donc formulé une requête toute simple à la fin de notre meeting de répartition des sujets. « Dessine moi un pénis. » Comme la majorité des chroniqueurs sont des femmes, tous sauf Pit Boilard en fait, on peut dire que pour cette parution, on s’est tous trimé une moustache pour auréole de noune.

J’ai confié le dossier brutalité policière à Pit Boilard. En totale brute rebelle, il a préféré nous faire un beau bricolage qu’un dessin. D’ailleurs fait avec de l’authentique poil de poche! Il a retrouvé le policier impliqué dans sa chronique, un homme plein de flaire ce Pit. Il a joué à rase pipi avec le sergent. Ce qu’on peut se permettre avec un pseudonyme, mes amis! Émilie vous présente Cédric Du Cap dans son Courrier du Corps. Cette semaine, on prend les demandes spéciales. On a le lobe frontal tout dilaté pour toi, les lecteurs. Pour rajouter un peu de diversité, j’ai invité Sophy Lys à nous faire quelques confessions sur sa vie d’hermaphrodite.

Une revue gâteau marbré cette fois ci! Ça ne finit pas là non plus. N’oublions pas le crémage! Vous avez vu sur la couverture : la promesse d’un jeu. Eh bien oui! Alexie Morin nous a fait l’énorme plaisir de rouler la noisette de son crayon pour le jeu en center fold.

Avec les dents les plus toutes nues du sourire le plus sincère,


Vickie Gendreau
Éditrice en cheffe


DOSSIER CONFIDANCE – AVEC L’HERMAPHRODITE SOPHY LYS
C’EST LA FAUTE À PETER ŠŤASTNÝ


Quand ma maman s'est faite engrosser pour une troisième fois, mon papa s'est dit que cette fois ce serait un garçon, les deux premières shots ayant donné des filles. Sorte de statistique personnelle qu'il a conçu. Au moment où j'étais encore un foetus peut-être un peu paisible, mes deux géniteurs magasinaient aux Galeries de la Capitale et sont tombés sur un attroupement qui voulait voir, parler à et possiblement toucher à Peter Šťastný, alors joueur pour Les Nordiques de Québec (j'ai checké sur Wikipédia parce que j'évite d'emmagasiner des informations sur le hockey (en fait, c'est un talent naturel)), en plus de lui demander des autographes. Mes parents se sont donc dirigés vers "l'étoile de la glace" (on peut-tu dire ça d'même?) pour jaser un peu et lui ont demandé gentiment, parce qu'ils sont toujours gentils, si Peter voulait autographier un mini bâton de hockey pour leur garçon à naître. "Ah, mais ça sera peut-être une troisième fille!" Heille, coudons toé? Es-tu en train de me lancer un sort pendant que je baigne tranquillement dans le jus de ma mère? Sans rien d'autre pour me protéger qu'une couche de viande de maman? Kess tu dirais de pas t'en mêler et de continuer à te concentrer sur ton domaine de compétences? Han?

Trop tard. Le mal était fait : je suis né avec une vule. Mes parents me jurent qu'ils n'étaient pas du tout déçus, qu'au contraire il étaient très contents. Une blondinette bouclée, en plus. Mais le P'tit Boutte (c'est moi, ça) tenait quand même le rôle du petit frère. Je savais pas exactement ce que c'était qu'un garçon manqué, mais on me le disait régulièrement. Je me doutais bin que c'était une insulte, alors ça m'offusquait et je m'obstinais, juste pour dire.

Même si ça n'avait rien donné avec mes soeurs, mon papa m'a appris à pêcher à sept ans. J'aimais ça! Et il aimait ça que j'aime ça. J'étais bon, sauf pour un truc : empaler les lombrics sur l'hameçon. Ça me dégoutait de faire ça à un animal vivant. Il n'était pas quioute, pas de poils doux, pas de yeux larmoyants, pas de gémissements, mais il se tortillait et je me doutais bien que ça lui faisait mal. Mon oncle Robin me disait souvent "Là va falloir que tu t'habitues à empâter des vers, maudit criss!" Fais un homme de toé, Sophy. Maudit criss. J'ai jamais réussi à faire la job d'homme avec assurance. Pitié pour les vers. J'aimais quand même la pêche, puis j'ai un peu délaissé ça en attrapant l'adolescence, pour complètement l'abandonner quand je suis devenu végétarien radical.


Alors voilà, c'est pour ça que je suis une fille. Mais ça ne m'empêche pas d'avoir un très gros pénis. J'ai essayé d'être une vraie fille en jouant avec des pouliches et en me maquillant trop, mais c'est beaucoup plus essitant d'attraper des crapauds, de disséquer des animaux morts et de varger sur des bonhommes laittes à Punch Out.

Quels sont mes premiers souvenir de pénis, donc? À part les quelques fois où j'ai aperçu mon papa faire pipi quand j'étais un très petit P'tit Boutte (c’est moi, ça) et la fois où ma cousine Caro avait trouvé des photos de revue de cul dans la poubelle de l'école (découvrir la vie, c'était plus compliqué avant l'arrivée des internets), le pénis qui est classé au fond du tiroir de ma mémoire du génital est dans le dossier "troisième année du primaire".

Je commence ici. Toute la classe était réunie dans le local de pastorale qui servait un peu à n’importe quoi. Notre prof prenait un break de kek minutes et nous abandonnait à un dessin animé qui s’annonçait un peu plate. Les dessins pastels étaient laittes, tsé. Pis il se passait rien de drôle. Un décor de banlieue modèle. Un monsieur invite la petite voisine à venir prendre un verre de jus chez lui. Ils sont dans la cuisine, et le monsieur gentil renverse « accidentellement » un verre de jus de raisins sur son pantalons. Hon. Il enlève donc son pantalon taché ET ses sous-vêtements. Le monsieur est là, tounu, en graine, et toute la classe se demande youssé que ça peut bin s’en aller tout ça. C’est alors que le monsieur lance d’une voix grave et suave, s’adressant à la fillette, « Touche mon pénis, yé doux. »
Hilarité totale dans la classe. Échec gros de même de la volonté de prévenir les abus sexuels chez les jeunes. Et ça reste un de mes plus doux souvenirs du primaire.

La première fois que j'ai touché le pénis de quelqu'un d'autre, je l’ai trouvé aussi doux. Qu'on se le dise : un pénis, c'est doux.

En tout cas, j’ai beau avoir un très gros pénis, c'est peut-être des grosses couilles qu'il me faudrait, tsé. Pour faire plus d'affaires viriles, dire plus de choses heavy. Oser dire "Je t'aime", par exemple.

Fouin fouin fouiiiiin… Pourquoi tu finis ça cheesy d'même?

FROMAGE DE GLAND.

Kin.


*

Saint-Urbain, septembre 2011


DOSSIER BRUTALITÉ POLICIÈRE
AVEC VOTRE BRUTE PRÉFÉRÉE
PIT BOILARD


C'ÉTAIT PAS MAL CUTE COMME MOMENT...J'SENTAIS QUE L'PWESSON ÉTAIT PRESQUE RENDU DANS CHALOUPE MAIS À VOULAIS QU'ON AILLE PRENDRE UN DRINK AVANT AU BAR À COTÉ...

QUAND ON A FENI PAR SORTIR DE D'LÀ BEN J'ÉTAIS TELLEMENT ÉNARVÉ QUE J'SUIS SORTI AVEC MA BIÈRE... PIS LÀ Y A UN OSTI DE FLIC DE MARDE QUI M'A CRISSER DES COUPS DE MATRAQUE PIS POIVRÉ PARCE QUE JE L'AI TRAITÉ D'OSTI DE FIFFE... MWÉ J'VOULAIS JUSS ALLER FOURRER AVEC SHIRLEY CRISSE ME SEMBLE C'ÉTAIT PAS COMPLIQUÉ OSTI PIS AVEC TOUTE LE NIAISAGE QUE JE VENAIS D'ENDURER TABARNAQUE... FAQUE LÀ ELLE A VOULU M'AIDER AVEC SA BOUTEILLE D'EAU PARCE QUE J'AVAH DU CAYENNE DIN YEUX..BEN LÀ JE SAIS PAS TROP C'QUI S'EST PASSÉ MAIS JE L'AI JUSS VUE ARVOLER LA FACE DANS UN PARCOMÈTRE… THAT’S IT... C'ÉTAIT OVER

SHIRLEY EST RENTRÉE AUX SOINS INTENSIFS PIS MWÉ J'SUIS ALLÉ AU COUCHE TARD ENCORE GASPILLER MON CASH POUR ME CROSSER AVEC UN PENTHOUSE...

OSTI DE SVPM À MARDE… À CAUSE D’EUX AUT’ J’AURAI MÊME PAS FOURRÉ DE L’ÉTÉ


CENTERFOLD PAR ALEXIE MORIN:


MYSTERIOUS SKIN
ENTRETIEN AVEC LE PETIT PRINCE DE SEXAMOUR
AVEC VICKIE GENDREAU

Suite à mon article sur les personnages de nounounes et de nonos dans la littérature québécoise du mois dernier, j’ai reçu beaucoup de messages bourrés de reproches de l’Association de la Scène Queer. C’est vrai, je l’avoue. J’ai oublié le gris, juste parlé du noir et du blanc. Donc, pour cette édition, j’ai décidé de m’entretenir avec le Petit Prince de Sexamour. Parler de la vie, la mort et autres canapés. Comme je n’avais que trente minutes, l’entrevue sera brève. Quicky.

Cet OGM littéraire n’est pas facile à rejoindre. Pour faire cette entrevue, il me fallait voir apparaître le Petit Prince de Sexamour. Ça demande de l’organisation. Tu dois allumer une chandelle et dire dix fois dans le miroir « Petit Prince de Sexamour. » Ça ne marche pas avec tout le monde. Ça marche que pour les ingénus jeunes et fringants. Heureusement que j’ai un pénis mental et que tout est relatif. Avant de commencer mon incantation, j’ai attaché mes cheveux, je me suis dessiné une moustache au crayon noir, j’ai enfilé une chemise à la boyfriend. Poudre aux yeux.

V.G. Pour me préparer à notre entrevue, j’ai réécouté le film Mysterious Skin de Gregg Araki puisqu’il y a quelque chose de vos destins que j’associe pour des raisons très stéréotypées en fait, à bien y penser. Un gay, avec un rapport étrange et inquiétant à la sexualité, qui se prostitue, surfe sur la vague luxure jusqu’à en devenir lui-même un poisson, aliéné par sa propre indifférence. J’ai choisi de mettre sur le cover ce dessin précis de toi puisque ça me fait penser à la pochette du film, vous avez le visage dans le même angle, la même tension dans le regard. Je crois bien que derrière ton petit look ado sombre blasé se cache un filet mignon de sensibilité. J’aimerais, si ça ne te dérange pas trop, qu’on se fasse un petit paragraphe surf and turf. Il y a dans ce film plusieurs sujets vifs. On voit deux histoires en parallèle, d’une part, celle de Neil, la pute, deer in the headlights, de l’autre, Brian, un adolescent socialement awkward qui est persuadé qu’il s’est fait enlevé par les aliens quand il était petit, face fond de bouteille mais jamais bu une goutte d’alcool, très et trop stuck up. Dans le film, on comprend que le bâton dans le cul de Brian est une métaphore en fait puisqu’il s’est fait violé par son coach de baseball. Neil avait le même coach de baseball, s’est aussi fait violé. Ça se dévoile quand ils retournent sur les lieux. Les deux ayant passé leur vie à faire du gros déni… C’est une belle scène, un beau film, plein de belles scènes. Toi, fais tu du déni?


P.P.S. T’sais, la vie, c’t’un gros caca rose en fait. Pis je veux pas que tu me corriges là quand tu vas retranscrire tout ça. Quand j’lis une entrevue, j’ai toujours l’impression qu’y’a pas de différence marquante entre les bouts de l’intervieweur et ceux de la célébrité. Oui, oui, y’a le caractère gras versus l’italique, mais la langue est pareille. C’est gossant. Tu lis ce que la petite starlette a répondu, tu vois des belles phrases complètes, avec des adverbes, t’as l’impression que la fille utilise la syntaxe même en parlant, des phrases pleines de virgules, de complément. Une semaine plus tard, tu la vois à Tout le monde en parle s’exprimer comme un pied. Quand elle ouvre la bouche, y’a juste une succession de pets aigus qui sortent. Moi, je me sens dupé. T’sais j’y avais cru à son français. Poisson justement. Si je dis que la vie est un gros caca rose. Je veux pas lire quand ça va sortir des affaires comme : la vie est une crotte de bouc pastelle, la vie sent le parfum caillé, la vie nanane avec polkadot brun. Je veux lire : GROS CACA ROSE. En lettres majuscules. C’est pas mal ça en gros, je trouve, la vie. On a tous des cuvettes pleines de bagage, vécu des affaires dark, des cuvettes pas flushables. L’affaire c’est que la vie ça continue et c’est pas monochrome. Il y a plein de nuances. Je me suis pas fait violé par mon coach de baseball quand j’étais petit mais j’ai braillé du sang. Maintenant, comme je veux pas quantifier mes journées à multiples de kleenex, je crache du sang. Faut que ça sorte. Je les dis toutes les affaires que je pense. Ça me permet de voir autre chose que la marde. Les vers de contact roses, le vin rosé, les gommes au savon. Je connais pas mal de raccourcis. J’ai l’air de rien quand tu me vois, vite de même. Mais je réfléchie, j’avance des théories, je les applique. En ce moment, je suis en vie, c’est pas le temps de se morfondre. C’est le temps de vivre. C’est tout simple me semble. Littérale. Je comprends pas pourquoi les gens se compliquent autant le quotidien. Des fois je trouve que les gens ont décidé consciemment d’appliquer l’algèbre à leur existence, pour que ça aille servi à quelque chose au moins l’algèbre, parce qu’on s’entend, entre vous et moi, disons le, l’algèbre, ça sert à rien dans une vie. Je choisis de m’accrocher à ma naïveté. C’est quelque chose que je connais la naïveté. Le cul d’mon ADN. Pas de besoin d’avoir le bras long. Format moignon. Des fois, c’est plus difficile, c’est sure. Les gens du royaume m’organisent un banquet, je suis tenu de rester toute la soirée, c’est dans le contrat. Si on me tire une chaise, je dois m’asseoir et sur le lot de tables, il y en a des ben pétillantes de sucs digestifs. Des conversations molles, des gens prétentieux, des monologues de nombrils bombés. Le gros médiévisme social. J’en finis plus de me demander : « Mais qu’est-ce que je fais ici? » Pas la volonté, ni l’imbécillité de tenter d’y répondre alors je niaise dans ma tête. Je me rajoute un filtre rose sur la réalité. Genre prince voilé mais par sa propre tête. Je regarde le gars dans les yeux, les convenances obligent. Mais ce qu’il sait pas. C’est que depuis le cul posé sur la chaise, il y a des pénis qui dansent tout autour de sa face, superposé à son nez qui se dandine de droite à gauche, genre de métronome rigolo pour la conversation. Des pénis en forme de racine de gingembre. Des pénis pastèques. Un genre de bonhomme allumette fait avec six pénis. Une minute, c’est tous les pénis qui lui entrent par une oreille pour sortir de l’autre. Puis l’autre, c’est une nage synchronisée de pénis sur le surface bleu hôpital de son chemisier. Le monsieur, ça devient mon miroir. J’aimerais ça moi le nuage de pénis tout autour de la face. Je fais de la projection. C’est tellement difficile de pas rire. T’as pas idée. Je suis pas mal victime de mon image en fait. Je suis pas tout seul. Tous dans le même panier, han. On est dans une épicerie si gigantesque. Tu penserais qu’il mettrait plus qu’un panier à notre disposition. Vie médiéviste que je dis. Pas évoluée. Pas capable de fournir. En tout cas, serait pas mal temps qu’ils ouvrent une autre succursale si tu me le demandes. Si je mettais tout le monde qui me fait chier au cachot, il resterait plus personne, juste ma quasi dizaine d’amis, pu personne à fourrer. Tu parlais de poisson tantôt. J’ai une bonne anecdote à te raconter à c’sujet-là. Je peux? En passant, je demande juste par politesse parce que t’es un peu obligée de dire oui comme je suis le prince de tout le monde.


V.G. Oui, raconte moi ça. Tant que ça fait pas suinter le magazine. Ça pourrait être drôle d’en faire une réponse scratch and sniff mais ça serait touché à cause des allergies. Puis, si je peux me permettre de rajouter une question. Penses-tu que si je dis pénis dix fois devant le miroir, le tien apparaît?

P.P.S. Non. Mon pénis, il se déplace seulement pour les étudiants en design, les enfants de riche à décapotable et les petits poètes sensibles. Toi, t’as une mitaine dans tes bobettes. C’est pas ma tasse de thé. Comme, tu vois, en ce moment, je me le suis rangé dans la bouche. Ça me fait une petite pastille. Il devient tout petit et pas à l’aise en présence d’une paire de boules. J’fais comme les mamans kangourous avec ma graine dans des moments de même. Je me suis fait avoir par ton pénis mental. Je serais pas apparu si j’avais su. Cette foutue histoire de devoir me caller à la lueur d’une chandelle… Ben difficile de distinguer le vrai du faux avec un éclairage tamisé. Alors, ma belle anecdote. Arc-en-ciel, le poisson, tu le connais sûrement, toi qui est littéraire. Ils ont fait un livre sur sa vie. Ça lui a un peu monté à la tête d’ailleurs. Arc-en-ciel, c’est genre l’Edie Sedgwick du poisson. Deux tasses de trash pour chaque tasse de quétaine, et le réservoir, du size du Stade Olympique, plein à craquer. Ce qui est important de savoir sur Arc-en-ciel, avant que je commence avec mon histoire, c’est que bon, bien sure, en premier lieu qu’il est gay lui aussi. Les poignets toupies pis toute. Il est pas mal volage comme moi. Il couche à gauche et à droite. Il est difficile lui aussi et plein de rose dans la tête aussi. On est pas meilleurs amis pour rien. Alors bon, lui aussi, ça lui arrive de coucher avec des petits imbéciles, des grandes folles ennuyantes, des couilles aigues. Il sait bien que ça va nul part, c’est vraiment du cul pour du cul alors il attend toujours que le gars s’endorme pour sortir du lit doucement, se rhabiller silencieusement. Mais bon, j’ai dit qu’il y avait du rose. Le v’la. Avant de partir, il laisse toujours une paillette de son chandail à son amant provisoire. Toute resplendissante sur l’étendue brune de la table de chevet. Maintenant que tu sais, enchaînons. On a viré une brosse épique dans Baie-St-Paul. Pendant la période estivale, les peintres ont de besoin de muses et museaux. On se les ai pointé. Deux museaux bien bandés. On était bien soûls dans le chalet d’un petit fils de riche. Arc-en-ciel avait entendu dire que la tombe de Moby Dick était dans le cimetière à côté de l’hôtel de ville. « Ça serait fucking drôle d’aller se crosser sur sa tombe » qu’il m’a dit entre deux lapées de gin tonic. Ce qu’on fit. En zig zag. Arc-en-ciel a les branchies sensibles tu sais. Il était triste à cause d’une histoire de cœur qui était en train de lui sortir du derrière. Quand il est triste, il fait des choses trash pour se changer les idées. Moi, je trouve toujours ça drôle, triste, pas triste. Alors on est allé. On s’est crossé. Je suis venu en premier. Arc-en-ciel, lui, s’est approché du nom sur la tombe. Il a fait un s à Dick avec son sperme. Comme on était deux, ou trois, disait-il. Alors bon. Tu vois. C’t’anecdote là, elle prouve une chose : que même le plus poisson des poissons sait accorder les mots en genre et en nombre. J’arrête pas de trasher mes sujets depuis tout à l’heure. J’ai quand même avoué ouvertement que je les bullshite tous quotidiennement. Je veux pas me mettre dans la merde avec cette histoire de tombe. Tu penses tu que je devrais me trouver un pseudonyme ou qu’on se la fasse Entretien avec anonyme?

V.G. Pas de besoin. Je sais que c’est tragique à dire mais les lecteurs souvent ça se contient dans une main. Ou deux. Peut-être les deux pieds aussi si tu es chanceux. Tu pourrais m’avouer que tu as chié sur le parquet du premier ministre, mangé de la viande humaine, me raconter la fois que tu as drogué un petit gars au Unity, ça passerait dans le beurre. Je dis même pas ça pour chialer, à la auteure frustrée. J’ai même pas encore publié. Mais j’ai plusieurs amis qui le sont et je les vois annuellement essuyer les gouttes de ketchup dans le creux de leurs oreilles avec ce chèque, le chèque de droits d’auteur. Ici, on est à l’abris.

P.P.S. Pipi caca poil papa vagin mon oncle vagin cousin vagin George Bush vagin Obama vagin poil poil caca pipi Richard Martineau vagin Joel Legendre vagin Bret Easton Ellis vagin Arc-en-ciel vagin Petit Prince de Sexamour vagin Vickie Gendreau pénis.

En un clin d’oeil, le Petit Prince de Sexamour s’est volatilisé. Paraît qu’il avait un date avec Olivier Morin d’Incontinental à Montréal. Mais avant de partir, il m’a laissé son courriel qu’on puisse un peu devenir amis. Je lui ai demandé son opinion sur quelques banalités et vous trouvez ces réponses ci-dessous. Avant de vous laisser, j’aimerais simplement vous rappeler que le vie est un GROS CACA ROSE.

V.G.

Ce que le Petit Prince de Sexamour avait à dire sur…

… le strip poker? Bébé fafa.
… le chandail bedaine? Tiens, j’te donne deux cents piastres, achète toi du linge.
… la philosophie? Sexamour.
… les lumières de Noël? Gay pride avec couleurs ma tante.
… la circoncision? Menoum indifférent.
… l’amour? Gros caca pastel.


LE COURRIER DU CORPS
AVEC ÉMILIE HAMEL


Objet : Petite peau
Bonjour, je voudrais savoir comment on fait pour enlever la petite peau sur le pénis. J’ai dix ans et demi et mes amis ne l’ont plus la petite peau sur le pénis. S’il-vous-plaît, aidez-moi à enlever la petite peau en répondant à ma question. Ça me gêne un peu, même si elle ne m’empêche pas de jouer, j’aimerais mieux si elle n’était plus là, parfois elle reste collée quand je ne me lave pas pendant plusieurs jours (je n’aime pas me laver, j’ai peur du jet de la douche, je prends un bain de force quand mes parents trouvent que je pue du bout du pénis) et c’est très sensible. Je ne veux pas en parler à maman parce que je suis presque sûr qu’elle n’en a pas de petite peau et qu’elle ne comprendrait pas et qu’elle ne saurait pas quoi faire. L’autre jour, j’ai tapé « petite peau » sur Internet et j’ai su que ça s’appelait aussi un prépuce. Je ne trouve pas que c’est un beau mot, ça rime avec anus, mais c’est le mot scientifique. Voici un Paint que j’ai fait de ma petite peau. Merci de me répondre rapidement, car je veux m’en sortir.
Cédric Du Cap

***

Nous tenons à remercier Le Cheval Blanc, les producteurs de maïs québécois, le cimetière de Baie St-Paul, les gommes au savon, la bouteille d’eau de Shirley, Baron Sport pour ses hameçons, Catherine Cormier-Larose et le dude qui a inventé Paint. Nous vous revenons l’année prochaine les gosses pleines de gogosses. V.G.

***

Deuxième micro-revue (sous la direction de Nancy R. Lange)


Elle m’est apparue lors d’une soirée de lecture dans un parc de Montréal. Elle était couchée sur la table. Tout de suite, elle a attrapé mon regard. Je l’ai prise et je l’ai ramenée chez moi. Elle a squatté ma tête un bon moment, même quand je n’étais pas avec elle. Je me suis demandé jusqu’à quel point on peut accepter de souffrir pour être comme les autres, pour être belle, pour être aimée.
C’est une femme sans tête. Elle ne parle pas, tourne le dos au monde à longueur de journée. J’ai demandé à quatre femmes de se joindre à moi pour vous parler d’elle.

Nancy R Lange



(Merci à Véronique Gagnon, Françoise Belu et Flavia Garcia d’avoir répondu présente à mon invite. Merci à Catherine Cormier-Larose de m’avoir demander de participer à son projet. Les images sont tirées d’un exemplaire qu’elle m’a fourni du magazine Vie des Arts, numéro 144 septembre 1991, d’où origine aussi notre couverture)


Le corps au premier plan


tapie derrière elle-même
elle attend
lovée minuscule au fond du pied
ne reste de la femme meurtrie
que l’eau du bain
larmes armes arms and legs
nobody knows whose back this is
la fragilité derrière le corps au premier plan

la fillette araignée
réfute toute nourriture
pas même le bon manger
des grosses sœurs à sonnettes
évangéliser l’assiette
avaliser l’ivresse des carnassiers
jamais ne rentrer dans le rang
vampire et cannibale
femelle marquée au fer étêtée
impunément dévorée

sonne l’heure exsangue du couchant
les crocs plantés dans les sucs de la terre
s’empiffrer sans peser le sang puisé dans les sillons du corps labouré
en de savantes arabesques
abreuvés et rougis par mille factions fratricides
de pères en fils de mères en mortes
le nerf de la guerre
l’inconscient à petites lampées
mamelon dont elle refuse obstinément la tétée

pour oblitérer les Remains of the Day
aucune trace
seul le bel embossage peint au scalpel
rien ne lui appartient
corps squatté de l’intérieur
bourdonne comme l’essaim
de délicates morsures
l’habitent tout entier


à Ho-Chiminville la fumante
il y a quarante ans
fillette au napalm hurlant
huit ans d’innocence décapités par les avions marteaux des siens
jetée dans la morgue vivante sa respiration mâchée par la putrescence autour
sa mère folle de coeur la retrouve parmi les cadavres tressés



de la main balaie mille asticots tricotant sa peau explosée
elle grouille des larves des autres
leur voracité perfore son dos
les larmes de sa mère pour seul pansement
écrivent des mots que nuls ne peuvent lire
vers vers vers
Words Words Words
personne ne porte attention aux alexandrins
l’enveloppe scellée avant l’attentat
envolée vers des contrées vendues
Montréal
1975-2011
elle blindée pour de bon
les nerfs comme des crocs
surtout ne rien dévoiler
à l’étroit dans sa cambrure
voilà vous la zieutez en détournant le regard
impossible fracture
on ne réconcilie pas les cendres et le souffre


mouillage dans le port
l’esprit a déserté les portes de sa peau calcinée
au loin ses ombres brûlées dansent sur l’océan
ne faites pas de vagues
de grâce
il y aurait raz-de-marée
partout son âme en miettes récifs dispersés
les membres des uns sur les autres rongés
moignons et pieds bots déployés en un poème sans nom
de la fillette à la femme mûre
braillant ce qui ne se pleure plus
absente et muette
de silice l’hymen perforé les coulées fumantes
chaux sur les joues arrachées
les yeux blancs la mort sous les dents
ne reste que l’empreinte de l’ange
légère sans sexe voilée
ses yeux de pétrole dardent sous la burqa de peau
improvisée
linceul de chair la belle n’a plus de langue ni de bouche
les mots s’empilent
comme autant de colonnes corinthiennes
en ruine


sa mère fait semblant de raconter une histoire
un beau conte des Mille et une nuits
Rapunzel les rattrape entre deux maux
tire méchamment les cheveux du Keros en cavale
plante une lame dans ses yeux
l’oblige à se retourner
voir de vive voix étranglée
le charnier où son propre corps se fait brasier


il y aura des têtes tranchées et de la mort sur les mains
Sale
elle s’obstine bouche ses fentes sans paupière se terre dans ses jupes de misère
se tait s’oblige aux silences acérés
des couteaux sous la langue le cœur tel un os aux chiens en bande jeté
sur la rive du Styx les ventricules continuent de pulser
et la mère lèche ce qu’il reste de rouge autour du jouet brisé
immangeable
improbable amnistie


nonobstant la fille se souvient
a oublié


derrière le corps au premier plan`
elle bute contre son propre gisant
même morte elle ne repose pas
ne trouve jamais ce que l’on nomme dérisoirement la paix
écartelée électrifiée violentée molestée violée
de sa voix d’au-delà
pas un son ne résonne
n’essayez pas de la consoler
vos bras de papier
ne contiennent plus sa fureur volcanique
strates sur strates la pierre tranche
tant qu’elle vivra
impossible rédemption
vous jettera ses brouillons à la figure
les traits s’effacent sous l’encre
s’imprime sur son front la grimace du limon

vous la perdrez l’avez de longue date perdue
comme elle son honneur son sexe son corps
sur les champs de bataille d’une enfance
grandie sous les tanks
à la solde des cauchemars
Oui on dirait la folle du logis
pissant entre les lattes du plancher des latrines
se grattant le sexe en se pinçant la joue
Dors-tu fillette? Dors-tu?
il n’en est rien
elle est vivante éveillée même morte
son corps à tout prix
et l’esprit comme il peut
galère entre les éclats du verre brisé
à cloche pied évite le tain du miroir
Alice ne causera ni lapin ni dînette
ne pourra se poser de l’autre côté

trop tard son cœur
plus rien ne l’arraisonne
l’ancre a tout soulevé
poings fermés les chaînes aux pieds
la coque en verre du bateau
laisse entrevoir les phrases échouées
les algues l’avalent
sangsues vertes et goulues

ne cherchez plus
il n’y a personne derrière son corps
une passoire laisse filer l’eau et l’huile
tête-bêche la femme
s’abîme dans son vêtement de chair
il est minuit Dr. Schweitzer
rentrez chez vous les mouches ont tout besogné
plus de Nègres ni de petits Nippons à gaver
peau de chagrin usée aux coudes
étendue sous la vie
elle attend le dernier train
passera-t-il après ce tremblement?


Véronique Gagnon





La femme scarifiée


siffle la tête
de la femme cafetière
se détache explose
son corps de tôle ondulée
sur le mur de la nuit

volutes de l’endurance
silence chauffé à blanc
la pression sangle le sang
se concentre elle
expressif expresso
le dos les fesses
fouettent l’endormissement
dis-lui que tu l’aimes
en corps encadre-la
quand telle une oeuvre d’art
cafteuse d’amour
elle expose ses cicatrices
la trace des brûlures
stigmates de l’appartenance
à l’église de la beauté
reliques d’un passage
les rites
le droit d’apparaître
payé cher en espèces
trébuchantes et sonnées

la prison des os
fines bandelettes de lin
pieds momifiés
vingt anneaux au cou
la peau fendue
de toutes les couleurs
de toutes les fêlures
reformatée à même la viande
le gras les rides l’avant
passés à l’aspirateur
un peu de poison encore
se fige le temps

elle faite belle
se livre à toi
en zoulou et braille
noire Nelly
d’une fine lame
telle une célébration
à la grandeur de l’Amérique
se découpe le torse
y glisse deux sébiles
pour faire la manche
mendier le désir
double charge de plastic
explosive elle ondule
pleuvent les aumônes
te tourne-t-elle le dos
tu la couvres d’or

à quoi cela vous servira-t-il
d’avoir ensemble
marché sur la lune
si tu ne sais comprendre
son pardon
l’avouer chère
lorsqu’à nouveau elle te cueille

en ses bras berceau


te souviens-tu comme elle
l’art de se taire
donner à voir


ton regard son pouvoir
la conquête de l’espace
projetés en orbite
vos corps
ton passage enregistré
au déclic de l’utérus photographique
d’où elle t’extirpe ce soir
accouche sur papier
d’un enfant ventriloque
ventre loquace
lèvres immobiles
parlera par la mère
déesse en perdition
élue déchue dès l’aube
l’odeur du café
comme monnaie d’échange


Nancy R Lange



Bleus d’ailleurs

Bleu
comme au premier jour
le ciel
pour la mariée aux lourds atours
dont le sang
rougit le drap
parmi le silence des dunes
machisme religieux
viol rituel
bleu ambigu
virant au vert
jaune violet
enfin prenant
toutes les couleurs de l’arc-en-ciel
l’œil au beurre noir
on dit
fuse la douleur
moins grande que celle du cœur
I feel blue for her
pour elle
je hurle au bleu
du ciel


Rose Rosa


Tu étais née Isabelle
dixième enfant de la maison
Maria te baptisa Rose
fruit d’une double vision
tu haïssais les souffrances
de tes demi-frères les Indiens
te mortifiant par compassion
as-tu enfoncé les épines
de la fleur dont tu as le nom
dans la blancheur de ta poitrine
égratignant ta chair candide
en rose d’une drôle de façon
body painting crucifixion
Rose Rosa no me gusta
esta sangre en tu cama
tu étais faite pour le ciel
là où le mal n’existe pas
impatiente de l’atteindre
tu escaladais les nuages
sur les échelons de la croix
ta jumelle est dans la Mayenne
Laval d’un autre continent
première sainte des Amériques
moi l’immigrante je fais le pont
fille d’une métisse et d’un colon
sainte patronne du Nouveau Monde
brave new world je t’aime encore
même si ce n’est pas le Pérou
petite rose je t’honore
en l’église qui porte ton nom.


Françoise Belu


Femme reviens

Femme, reviens
À la pointe du geste
La douceur de ta voix
Dans chaque goutte de sang qui descend
Le long de tes jambes
Par pudeur, je détourne le regard
Mais je palpe le chagrin des siècles
Enfermé dans ton silence
Tu chantais quand l’ange noir te prenait à la gorge
Femme
Tu dérives vers un continent encore inconnu
La rage aux dents, au cœur, à la bouche
La chair maculée aux rythmes sensibles des lunes
Sans autre regret que la vie
À visage découvert,
Tes mains ont grandi
Tes yeux ont vu la beauté d’un sanctuaire
Saccagé par l’usure des mots
Femme, reviens
Dans la lumière de ce corps
Jadis livré aux charognards


Flavia Garcia


16 septembre 2011

Première micro-revue (sous la direction d'Eliz Robert et de Catherine Cormier-Larose)


Montréal
par Éliz Robert


Le Mont Royal
du monde réel
la réelle cité
de réalité

Montréal
cette multicité
de diversité
de sites d’hiver
dont divers citent
la multiplicité

Montréal
un peu de réel
sur la peau

En cette cité des mots
les maudites sont citées
pour leurs idées

Et sur la montagne
royale
un peuple
aux pieds de colons


BACKLASH
par A. J. Thibeault


mercredi soir sorties de l'école
après une pratique de basket
avec les filles de mon équipe
on parle fort et on rigole
on a tellement hâte aux temps des Fêtes
on a mangé trop de bonbons sucrés
on a le crâne légèrement fêlé
on a des rêves multicolores
et encore une tonne de devoirs

collège privé pour filles only
on y apprend à être vocales
on se développe le cérébral
on est formé pour performer
d'ailleurs on score les meilleures moyennes générales
en général et dans mon cas en particulier

on a seize ans bientôt dix-sept
l'année prochaine à nous le Cégep
faudra choisir même par défaut
les sciences impures ou inhumaines
le but bien sûr c'est de viser haut
femmes de carrière wonder women


mercredi soir il faut rentrer
l'usine de pâtes et de papiers
crache son odeur de suçon vert
une âcreté qui gratte la gorge
comme une écharpe de laine de verre

dans l'abribus de la rue des Forges
le ciel est glauque l'air est humide
une nuit parfaite pour un carnage
une vision floue couleur suicide
un arrière-goût de mauvais présage

mercredi soir le 6 décembre
on a l'épine dorsale qui tremble
notre bulle vient juste d'éclater
notre équipage se démembre
à 22 heures le téléjournal
décrit l'horreur qui a frappé
l'université de Montréal

pendant qu'on courait
de ligne en ligne
dans notre gymnase
avec les filles
de mon équipe

un tueur fou
de classe en classe
tirait dans le front
des filles
de Polytechnique


onze douze treize quatorze
dans nos gorges
la douleur acidulée du sucre d'orge
le rouge sanguin se mêle
au vert de son sang froid
au gris de leur matière
au rose flash de leur enfer
au blanc de leur linceul
au noir du backlash et du deuil

les lendemains sont sans couleur
pour les filles de mon équipe
nos grandes gueules encore entr'ouvertes pleurent
nos esprits vifs sont en panique

une petite minute de silence
pour vingt minutes de hurlement
quatorze cervelles explosées
une éternité de bouches fermées

PIED-À-TERRE
par Ann Josée Thibeault


« Le bébé se présente par les pieds, madame. »

Pas capable de faire comme les autres.
De se placer dans le sens du monde.
De se glisser, doucement, tête première, dans l'existence.
De plonger, plein front, dans la lumière.
Pas moi.
Malmené, le pauvre ventre de ma mère.
Déchiré, le rideau rouge.
Défoncée, la porte sur le monde.

Je suis sorti pour tout de suite me tremper l’orteil dans le grand bassin de la vie.
Un bonhomme en blouse blanche a enroulé mes chevilles et... Spank me!
A giflé mes fesses.
Eh!
Je venais de lâcher le cri primal.

Vite, vite, nettoyage et séchage. De la tête aux pieds.
Vite, vite, impression et échantillonnage.
Nouveau bébé, nouvelle identité à estampiller.
Teinture noire dans l’encrier.
Pieds bien à plat. Empreintes piétinées sur un bout de papier pour les dossiers.
Cinq orteils de chaque côté, papa les aurait comptés s’il avait eu le droit d’assister à mon arrivée.
Me voilà bien emmailloté et promené d’une paire de bras à une autre.
Je suis délivré.
Petit pied de nez à la mort. Petit pied-à-terre dans la vie.

« C’est une fille, madame. »
Eh?
Les sourcils froncés de l’infirmière. Le visage en point d’interrogation de ma mère.
Une fille? Allongée, ouverte et essoufflée, ma génitrice est aussi surprise que moi d’entendre le fatidique verdict.
Des mois qu’elle s’adresse à moi comme si j’étais un garçon.
Une fille! Ma mère est envahie d'un grand Hallelujah.

Une fille.
Pas capable de faire comme les autres.
De naître garçon, comme il se doit. Pas capable d'attraper le bon chromosome pour devenir le fils prodigue, le futur monsieur quelqu’un, le docteur-ci, le maître-ça, la survie assurée d’un nom de famille.

Une fille. Eh bien, elle nous a joué tout un tour, cette échographie. Qu’est-ce que c’était que ce petit appendice à l’écran? Un doigt de déshonneur? Un pied de nez, encore une fois?

« Oui, oui, c'est bien une fille, il n’y a pas de doute. Regardez, là. Il n’y a rien. »

Effectivement, là, entre les deux jambes maigrelettes, il n’y a rien.
Pas de sexe visible, donc rien.

Eh. J’étais donc née.

PRINTEMPS QUATRE-VINGT-QUATORZE
par A. J. Thibeault


Il pleuvait fort sur mon avril quatre-vingt-quatorze
Un fleuve, deux mères et trois rivières serraient ma gorge
J’avais la vingtaine et une qui hurle
J’avais le tsunami dans l’âme, les larmes qui brûlent
C’est ainsi que j’ai choisi l’exil, sans le choisir
C’est ainsi que j’ai saisi l’instant, l’instinct de partir

Mal à mon spleen
Can’t hear my calling
Dérailler vers l’Ouest
Sweet motion sickness
Planter des arbres, servir aux tables
Le house keeping et le camping
Apprendre l’anglais, prendre l’air frais
Dérailler vers l’Ouest
Parce que les voyages forment la jeunesse

Dans mon backpack, le Rolling Stone Magazine
Grunge is not yet dead but oh I know it’s coming
Kurt Cobain has put a bullet in his head
Ma génération a le ventre plein mais le cœur faible
Sur un autre continent, on se massacre à la machette
Mais dans mon wagon-coach transcanadien, ça ne fait même pas les manchettes

Interminable Ontario : Ours to Discover
Un arrêt, gare centrale : la Fourche pendant une heure
Saskatchewan : des horizons sans fin
Surprise au pied des rocheuses : une autre belle province
Ce n’est pas la destination qui compte mais bien la journée
Et comme Smashing Pumkins le chante, Today is the greatest day


Il ventait fort sur mon printemps quatre-vingt-quatorze
Balayé mon chagrin d’amant, envolée la peur dans ma gorge
J’avais la vingtaine et une qui hurle
J’avais la vie devant moi, moi devant la solitude
Voilà comment j’ai choisi l’exil, sans le deviner
Voilà comment j’ai senti l’instinct, l’instant de rester



A Midlife Crisis Of The Olfactory Kind
by Regie Cabico


When I was five, I smelled like a pile of hearts
being poured into a tin man.

My ex-boyfriend smells like salmon and vitamins.
His boyfriend smells like kitty litter.
Together they smell like an animal rescue.

My ex-boyfriend told me that my crotch
smelled like Bea Arthur's dentures. Bea Arthur
in The Golden Girls or Bea Arthur in Futurama?
My most recent fling happened in a bar
that smelled like Neverland.
The Fling smelled like a leotard with holes.
The Fling showed me his penis on his i-phone.

I know technology means you get things right away
but that's just too immediate.

I ran into the mens room and photographed my penis.
I came out and showed him my penis on the cell phone
and he pulled out his i-phone

and we were rubbing our cell phones together.
It smelled like a new kind of safe sex.

It smelled like AOL dial up internet... It smelled
like passenger pigeons flying South... No, it smelled
like smoke signals fading into a bitch slap of thunder...
It smelled like the shake weight...

I recently had sex with a 20 year old
so that makes me a cougar. A gay cougar.
No, a jaguar. Better yet, a faguar.

Faguars smells like deep fried twinkies
and Demi Moore's dildo.

I want to wash the scent of my Muse. He lives
in San Francisco and when he has sex with his boyfriend
they smell like a box of Dunkin Doughnut munchkins.

I just want to fall in a Merchant Ivory still,
roll with a stable boy
till we smell like sweet hay...

When I went back to The Neverland Bar,
a hobbit offered to suck my dick.

I turned around and said, "That is the nicest thing
anyone has ever said to me!" His offer smelled
a thousand pokes on Facebook
and an episode of Extreme Home Makeover

I explained to him, I don't want a boyfriend.
I just want to have sex with a guy on a regular basis
whose name I know.

That smells like getting rid of Republicans
one blow job at a time.


なに かわ ですか?
(Nani kawa desuka?)
by Tara Dawn


My Japanese mother, she told me about this tradition
That people are linked by a string when they have a connection
The string that’s strung is the colour of the bond
She has red with her husband and blue with her son
She said ours was yellow and if I drift away
Along the sea to a faraway place
That cord will run as far as I go
It won’t break if I twist and float
It always was and always is
Japanese people are linked like this
なになになになになに かわ ですか?
(Nani nani nani nani nani kawa desuka?)
Wake up girl, it’s time to start running
Can’t you feel, the big wave is coming
It’s lapping up, it’s creeping up, building flow
It’ll suck you in with the cars and boats
And if it catches you, sips you down
You’ll be tossed forever in Umi Sound

なになになになになに かわ ですか?
(Nani nani nani nani nani kawa desuka?)
Sea surrounding you, licking at your lips
Sea around you with it’s airtight grip
Sea inside you as you glurp and gasp
Sea will hold you in it’s lilting grasp
Back into earth through water not fire
Back into earth through water not fire
Back into earth through water not fire
Between us runs the string that’s still alive
なになになになになに かわ ですか?
(Nani nani nani nani nani kawa desuka?)
They had promised the reactors would be okay
But Mother Earth she shook with another quake and said,
“You won’t mould me, nor do you behold me
Please don’t ever try to scold me
For fluttering my eyelids when I’m in the mood
Or shaking my hips when it’s my time to groove
My moves are older than your setting sun
Please don’t think I can be overrun
You’ve built cities on my ribs, dripped oil down my thighs
Tore the minerals from my belly, built my bones towards the sky
As rock skyscrapers that crumble and shake
I tremble when I breathe and you call it ‘earthquake’
You’ve not stayed in tune with the song I’ve sung
Now, I intend to dance nuclear reactors undone.”
Back into earth through water not fire
Back into earth through water not fire
Back into earth through water not fire
Between us runs the string that’s still alive
私たちの かわ です。
(Watashitachino kawa desu.)
いっしょに いきます。
(Isshoni ikimasu.)

(Sans titre)
par June


Mais qu’est-ce qui se passe, les problèmes s’entassent.
Notre espace se casse, ça m’dépasse, les dirigeants ramassent les As.
Si tu ne fais plus l’affaire le propriétaire t’kick le derrière.
Tes troubles monétaires, ta misère,
ton frigidaire ce n’est pas de ses affaires.
Double les loyers, Certains gardent le même salaire.
Oyé ! Oyé ! On te fait sentir qu’être pauvre c’est de ta faute ça l’air.
Cette société guide vers l’étourdissement cupide,
T’intimide. Besoin de guides solides.
D’un minimum d’exemple pour les kids.
Avant l’adolescence ça pense au suicide tranquillement.
Perçoit une porte d’errance dans le vide, et tant qu’il ment
Jouvenceau ne sait plus vraiment comment vivre pleinement.
Aimant trop s’accrocher aux ornements comme un aimant et c’est fréquent.
Le feu faut qu’on l’éteigne. Les populations s’plaignent.
Car le progrès produit profusion de profits et si on s’renseigne.
On réalise que la peur immobilise les employés qui se martyrisent pour le confort d’une entreprise.
L’injustice règne en partie à cause des banques.
Au service de dingues qui créent volontairement des manques.
Des crises économiques, des guerres politiques.
Bombes atomiques, le côté sombre du fric.
Rend des gens complètement frick.
Où est l’amour ? C’est la honte.
Confonds pas ceux que t’affrontes,
Garde à ce qu’ils te font, c’qui te racontent,
C’est fou ce que chaque jour nous montre.
J’ai l’impression qu’on tourne en rond comme le pignon d’une montre.
Question de pognon de réputation depuis l’embryon on nous dompte.
Rien à voir avec la version de Cendrillon.
Tous veulent avoir du pouvoir et une portion de Cent million.
Ici, si tu as presque tout, tu voix s’que t’as pas.
Ainsi on nous déjoue, bijoux, joujou comme appât.
Sur panneaux publicitaires. Panoplie d’commanditaires.
Incitent à la surconsommation pour les satisfaire.
Tandis que des boutchous mâchent des tartes pleines de boue,
juste assez d’énergie dans le corps et l’esprit pour tenir debout.
On traverse une vie d’averses, pleine d’obstacles.
Les moments qui nous bouleversent, nous bercent dans la controverse.
Qu’importe ton signe zodiaque
Que tu sois blanc ou que tu sois black,
l’impact mute en maladie.
La lutte contre c’que le mal a dit.
Viens voir, c’est bel et bien l’endroit où j’ai grandi,
Loin de Gandhi, faut savoir qu’il fait froid, bondé de bandits.
C’est à croire que certains prennent en proie celui qui mendie,
laisse au désespoir plus rien, un manque de foi qu’est-ce que tu en dis ?

************************************

Ces micro-revues originent de textes entendus et performés aux Cabarets Noches de Poesia dans le cadre du Fringe à Montréal en juin 2011.

Voici les bios des artistes, artistes qui proviennent de toute l'Amérique du Nord!

Bios


Regie Cabico is a poet and spoken word pioneer, having won the Nuyorican Poets Café Grand Slam in 1993 and taking top prizes in the 1993, 1994 & 1997 National Poetry Slams. Television appearances include two seasons on HBO’s Def Poetry Jam. His work appears in over 30 anthologies including Aloud: Voices from the Nuyorican Poets Café, Spoken Word Revolution & The Outlaw Bible of American Poetry. He co-edited Poetry Nation,: A North American Anthology of Fusion Poetry and guest editor for Beltway Poetry Quarterly. He is a recipient of a 2008 Future Aesthetics Arts Award Regrant from The Ford Foundation/Hip Hop Theater Festival, three New York Foundation for the Arts Fellowships for Poetry and Multidisciplinary Performance, The Larry Neal Awards for Poetry 2007 (3rd Place) and 2008 (1st Place), a 2008 DC Commission for the Arts Poetry Fellowship. He received the 2006 Writers for Writers Award from Poets & Writers for his work teaching at-risk youth at Bellevue Hospital in New York. He is a former Artist In Residence at NYU's Asian Pacific American Studies Program and has served as faculty at Banff's Spoken Word Program and Kundiman. As a theater artist he has directed two plays for the 2007 & 2008 Hip Hop Theater Festival,Elegies In The Key Of Funk and The Other Side. He received three New York Innovative Theater Award Nominations for his work in Too Much Light Makes The Baby Go Blind with a win for Best Performance Art Production The Kenyon Review recently named Regie Cabico the "Lady Gaga of Poetry" and he has been listed in BUST magazine's 100 Men We Love. His plays have been produced at the 2003 Humana Theater Festival (as part of RHYTHMICITY with UniVerses, Reg E. Gaines, Willie Perdomo & Rha Goddess, 2004 Kennedy Center Play Lab, Joe’s Pub The Public Theater Festival, The Asian American Theater Festival, Living Word Festival, San Francisco. The Kitchen, Dixon Place, LaMama, The Philadelphia Fringe Festival, The New York Fringe Festival, Theater Offensive, among other venues. He received three New York Innovative Theater Award nominations for his work in the New York Production of Too Much Light Makes the Baby Go Blind with a 2006 award for Best Performance Art Production. His latest solo play Unbuckled was developed with grants from National Performance Network and Mid-Atlantic Arts Foundation. He has been longtime curator of Composers Collaborative’s Non Sequitur Series presented at Lincoln Center, Here Theater & The Flea Theater. He has been 2006 artist in residence for New York University’s Asian American Studies Program & 2009 artist in residence at Deanza College. He is the Youth Program Coordinator for Split this Rock Poetry Festival and is he artistic director of Sol & Soul, an arts and activist organization. He is the co-founder of SULU DC, a monthly Asian American Performance Series and is the co-director of CAPTURING FIRE: A QUEER SPOKEN WORD SUMMIT.He is pleased to be part of BANFF's 2011 Spoken Word Faculty.

Tara Dawn has been commissioned to create original poetry and music for CBC Radio, dance shows, music festivals and the MacKenzie Art Gallery. She spent five years in Japan where she sang with and wrote for bands and worked with a hip hop collective. Tara’s original poetry and music draw on blues and jazz from the 1920-30's and early rock’n’roll. More info at www.taradawn.ca


Avril 2009, MC JUNE fait un prêt, quitte son emploi et décide de démarrer son entreprise. Il enregistre 5 chansons et fait imprimer 1000 copies d'un maxi qu’il donnera un peu partout en Province. Cet artiste de la relève, engagé, a donné à ce jour plus 150 ateliers slam dans les écoles, centres jeunesses et les bibliothèques en plus d’une centaine de performances scéniques. Membre du collectif Kalmunity et grand gagnant du Throw Poetry Collective saison 2010-2011 , MC JUNE lance son tout premier album complet en septembre 2011. Après 12 ans d’écriture, contenant 14 chansons, ce chef d’oeuvre a pour titre Le reflet. Site internet www.junerep.com

Éliz Robert is a poet, a literary translator, a producer and a publisher who loves to mix sounds and vowels of various origins.
She writes and performs in French, English and Spanish, sometimes acapella and other times with musicians and singers. Her voice has been heard at quite a few Noches de poesía, on radio airwaves across the iberoamericas and on a few tv shows as well. She is a graduate of the Banff Centre Spoken Word Residency 2010 and has performed at Festival Voix d'Amérique, Calgary International Spoken Word Festival, Bowery Poetry Club, and various poetry cafes in Europe, Canada and New York City.

Depuis une dizaine d'années, à Edmonton en Alberta, Ann Josée Thibeault écrit, joue et met en scène: pièces de théâtre, contes urbains, chansons, chroniques et humour. Grâce à son alter ego, La petite Lulu, Ann Josée a trouvé la voix de la poésie et présente ainsi sur scène ses textes de spoken word et de slam.

Author, director and actor Ann Josée Thibeault has recently found a new voice in her alter ego, la petite Lulu. Delivering slam and spoken word on stage, she creates a tongue in cheek world where the French language plays tongue twisting games with l'anglais. One thing is for sure, la petite Lulu is never tongue-tied.

10 septembre 2011

OFF-FIL 2011 4e édition du 15 au 25 septembre

Les Productions Arreuh présentent


OFF-FIL 2011
4e édition
15 au 25 septembre 2011
www.productionsarreuh. blogspot.com


Vernissage de l’exposition
des Brico-livres

Le Dépanneur-Café (206 Bernard O.)
16 septembre 2011
de 14 heures à 17 heures
L’exposition se terminera le 30 septembre 2011

Avec des œuvres de : Mathieu Arsenault, Marjolaine Beauchamp, Annie Beaulac, Mayra Bruneau Da Costa, Laurie Bush, Marie-Ève Comtois, Catherine Cormier-Larose, Patrick-Guy Desjardins, Simone Desjardins, Alexandre Dumont, David Fortin, Vickie Gendreau, Geneviève Gravel-Renaud, Marie-Paule Grimaldi, Émilie Hamel, Jonathan Lamy, Amélie Lamy-Beaupré, Daria Larose-Beaupré, Caroline Louiseize, Marc-Antoine K. Phaneuf, Diane-Ischa Ross, Érika Soucy, Aimée Verret et Aymerick Vézina.

Show littéraire au Café Chaos- Longue forme
18 septembre 2011 à 21 heures
Au 2031 rue St-Denis

Accompagnement musical -O-
(Patrick Hamilton, Jean-Philippe Leclerc et Francis Rossignol)

Avec
Mathieu Arsenault
Edouard H. Bond
Patrick Brisebois
Daniel Canty
Catherine Cormier-Larose
Vickie Gendreau
Stéphane Larue
Marie-Christine Lamieux-Couture
Steph Rivard

On ne peut pas tous être Émile Nelligan
Lecture de textes d’adolescences

en collaboration avec Doctorak, go!
20 septembre 2011 à 20 heures
Au Café Chaos, 2031 rue St-Denis

Show acoustique de Keith Kouna
Dessins d’adolescence d’Iris

Avec
Marie-Charlotte Aubin
Julie Brisebois
Patrick Brisebois
Mayra Bruneau Da Costa
Brigitte Caron
Simon Douville
Léa Gagnon-Smith
Jen Kunlire
Jonathan Lafleur
Martin Ouellet
Eliz Robert


Pègre en off-fil
22 septembre 2011
à 21 heures
Sous la direction et l’animation de François Guerrette
Au Bistro de Paris, 4536 rue St-Denis

Avec
Jean-Philippe Bergeron
Corinne Chevarier
Sonia Cotten
Jean-Paul Daoust
Christine Germain
Jean-Sébastien Larouche
Jean-François Poupart
Érika Soucy

Attentat littéraire mouvant
23 septembre de 11 heures à midi

Suivez les poètes Sébastien Boulanger-Gagnon, Mayra Bruneau Da Costa, Sonia Cotten et Marie-Paule Grimaldi qui liront des textes aux passants.
Départ en face de la Grande Bibliothèque à 11 heures et parcours mouvant.

Show littéraire au Café Chaos- Courte forme
25 septembre 2011 à 21 heures
Au 2031 rue St-Denis

Accompagnement musical J’ai le cancer et ses métastases
(Pierre Brouillette-Hamelin, Rémi Francoeur et Josua Gaumont Lacerte)

Avec
Virginie Beauregard D.
Geneviève Blais
Marc-André Casavant
Mathieu L. Chevalier
Vincent Couture
Alexandre Dostie
Sébastien Dulude
Émilie Hamel
Nancy R. Lange
Alexie Morin
Emmanuel Simard

Micro-revues littéraires
(Les versions papier de ces micro-revues seront disponibles à l’Expozine en novembre 2011 )

Sous la direction d’Éliz Robert (15 septembre)
Sous la direction de Nancy R. Lange (17 septembre)
Sous la direction de Vickie Gendreau (19 septembre)
Sous la direction de Carl Bessette et de Daniel Leblanc-Poirier (21 septembre)
Sous la direction de Kim Doré (23 septembre)
Sous la direction de Marie-Ève Turgeon (25 septembre)